dix ans de L'Abominable
versant installations & performances cinématographiques



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Anis GRAS, le lieu de l'autre
55, avenue Laplace à Arcueil
RER B Laplace à 15 min. de Châtelet-les-Halles


samedi 27 et dimanche 28 octobre 2007
Dans le cadre des Rencontres dans le pré - La fabrique collective des images



Depuis 1996, des cinéastes, des artistes traversent un lieu,
un laboratoire cinématographique d’artistes : L'Abominable.

Un atelier ouvert, un lieu de travail, de création, de convictions.
Dix ans d’existence, dix ans de films, d'expérimentations, de performances, d'installations ; des œuvres, des fragments et quelques fulgurances.

Qu’a-t-il été fait, qu’a-t-il été pensé pendant ces dix ans ?
Qu’est-ce que ces outils en partage ont donné de cinéma ?

A la suite de la série de projections récemment organisées au Ciné 104 de Pantin, un week-end dédié aux installations et aux performances pour pointer en quoi les laboratoires cinématographiques d’artistes, et en particulier L’Abominable, sont des lieux prisés par ceux qui utilisent le medium cinéma dans une perspective plus large que la projection frontale traditionnelle. Au contraire d’une projection infiniment répétée d’un même ruban filmique par une machine qu’on dissimule dans une cabine — la présence du corps manipulant, la multiplication des sources d’images et de sons, la mise en espace des faisceaux et des écrans et l’improvisation…


samedi 27

à partir de 16h
Installations de S. Canapa, A. Constantin, A.-M. Cornu, E. Lefrant. (entrée libre)

17h30 - Migrations
Composition et réalisation : Marc Plas & Barbara Tannery
Informatique : Raphaël Lemoigne
Guitare : David Bart
Harmonium : Gisèle Pape

20h00 - De un vastisimo mar
Performance de Yoana Urruzola, Stefano Canapa, Josefina Rodriguez & Julien Tarride

22h00 - opera mundi
de Nicolas Rey


dimanche 28

à partir de 16h
Installations de S. Canapa, A. Constantin, A.-M. Cornu, E. Lefrant. (entrée libre)

16h30 - Diffraction, poisson d'argent
Performance de La Destination (Anne Fave & Emmanuel Carquille)

17h30 - Maria of Pudong
Performance de Drazen Zanchi

18h30 - Lignes|Couleurs|Temps
Performance de Nominoë (Nicolas Berthelot, Alexis Constantin, Stéphane Courcy di Rosa & Emmanuel Lefrant)




La passione non cambia
Installation de Stefano Canapa, 2006
Son : Josefina Rodriguez


La passion ne change pas.

Montevideo, Estadio Centenario. 40° à l'ombre.
Cela se passe tous les dimanches dans la plupart des pays latins. De façon inversement proportionnelle au PIB. Les rues sont désertes, calme plat, les transistors résonnent dans le silence. On pourrait croire que la ville entière est happée par ce petit rectangle vert.



Film sans queue ni tête
Installation d'Alexis Constantin, 2007


Film sans queue ni tête se présente sous la forme d'une installation. Il est le second film d'un triptyque. L'idée de départ était de considérer individuellement chacune des propriétés qui caractérisent le dispositif de projection cinématographique, pour jouer à les rendre méconnaissables. Projecteur, ruban de pellicule et écran se voient organisés dans une nouvelle partition et proposent des situations plurielles au spectateur.

Film sans queue ni tête se manifeste d'abord sous la forme d'un assemblage ; il se présente comme un empilement de trois cubes dans lequel le travail de projection proprement dit s'opère. On peut le voir comme un objet architectural dessinant les contours de l'espace accueillant le film. C'est un écrin, un réceptacle d'images mais c'est aussi et surtout le support d'un processus temporel, ne expérience de la transformation. Les images produites par ce dispositif ne proviennent pas de la reproduction de photographies en mouvement mais s'offrent comme la modélisation du processus dynamique à la base de la projection même.

Forme dure et fermée, cette boîte à images cache en son sein le foyer actif de la sculpture. La force attractive de la lumière qui s'en échappe opère comme l'élément désirant de cette machine célibataire. Le spectateur, penché au-dessus, observe à travers l'ouverture en forme de losange pratiquée sur le couvercle de la boite les phénomènes lumineux issus de la métamorphose opérée dans le caisson précédent, les coulisses du dispositif en quelque sorte. Ce qu'il voit maintenant dans ce nouvel espace, fermé sur lui-même et observable individuellement, redistribue l'échelle des plans et réalise un nouveau partage entre le champ et le hors champ jusque-là définit par les volumes de la sculpture. Son appréhension revêt maintenant un autre caractère, plus proche de l'expérience du voyeur, lui qui opère une réduction de l'image désirée.

Point de vue du spectateur éclaté, espace à explorer et surfaces animées d'ombres et de lumières, tout porte à voir dans ce film-installation la capacité du cinéma à faire image à chaque étape de sa transformation. Le cinéma accède alors à lui-même comme un dehors, comme une peau sensible exposée aux regards. La sculpture est tout à la fois écran et projection.



Strada facendo
Installation d'Anne-Marie Cornu, 2007


Célia Houdart est venu me solliciter en Septembre 1999 pour participer à l’élaboration d’une forme théâtrale autour des écrits de Pavese. Elle revenait de plusieurs séjour en Italie où elle avait observé comment des corps et des voix pouvaient s’inscrire dans ces lieux chargés des mots de Cesare Pavese. Une recherche sur la genèse d’un langage : « comment à partir d’un même paysage capter, provoquer des paroles différentes ? ».

Strada facendo est la suite de cette recherche. Il y a eu une performance Did you ever see Piemonte's Hills? puis un premier film Ici et là. Il y a aujourd'hui cette installation qui met en regard un dessin dans l'espace et la projection d'un film.



Survie
Installation de PHYLM (Emmanuel Lefrant et Philippe Pasquier)


Au cinéma, le spectateur focalise son attention sur l'écran (traditionnellement une surface plane), réceptacle des images envoyées par le projecteur, lui-même source de vie de l'image animée. Entre ces deux entités existe pourtant un espace que peu de cinéastes ont exploré : cet espace que justement l'image traverse, véhiculée par le faisceau lumineux du projecteur. Avec Survie, PHYLM s'attache à visiter cet espace, sur les traces du cinéaste Anthony McCall.

A l'intérieur de l'espace est diffusé un épais nuage de fumée artificielle. Un vidéo projecteur est placé à une extrémité et diffuse une boucle sonore et visuelle de 30 minutes. Le faisceau du projecteur - placé à hauteur de regard (permettant ainsi d'inclure le spectateur dans l'image) - s'accroche à la fumée. Les faisceaux sont matérialisés par l'épaisseur de nuages froids, qui accrochent la lumière colorée du projecteur.



Migrations
Composition et réalisation : Marc Plas & Barbara Tannery
Informatique : Raphaël Lemoigne
Guitare : David Bart
Harmonium : Gisèle Pape


Dispositif de migrations d'images et de fragments de films qui, projetés, refilmés, transformés et reprojetés, énoncent, éclatent, transfigurent les modules de celle-ci.

Deux protagonistes créent un vaste plateau-atelier incluant un système de caméras de surveillance pour filmer aussi bien le public que des parties du dispositif où sont projetés des films S8 et 16 mm en surimpression sur des téléviseurs actifs. Certains fragments sont refilmés en DV et introduits dans l'ordinateur conçu pour transformer à l'occasion le signal numérique lui-même. Ces séquences sont à leur tour reprojetées et réintroduites dans le dispositif... etc.




De un vastisimo mar
Performance de Yoana Urruzola, Stefano Canapa, Josefina Rodriguez & Julien Tarride




« Ce n'est pas une fiction, bien qu'il ne soit pas capable de prononcer à propos de tout cela le mot de vérité. Quelque chose lui est arrivé, et il ne peut pas dire que ce soit vrai, ni le contraire. Plus tard il pensa que l'événement consistait dans cette manière de n'être ni vrai ni faux. »
Maurice Blanchot

Ce travail est le résultat d'un premier séjour de réalisation qui s'est déroulé pendant deux mois à Montevideo (Uruguay) et dans la région du Rio de la Plata. Pendant cette période nous avons enregistré un matériau f ilmique et sonore et installé sur place un laboratoire de développement 16 mm qui nous a permis de l'élaborer. La particularité de ce matériau se trouve peut-être dans le croisement entre une pratique proche de la réalisation documentaire et le regard intime - frôlant parfois la fiction - qu'implique pour celui qui est loin, un retour.

Il est question d'exil, de notre exil. Celui-ci n'est ni politique ni économique, il se constitue dans la tension entre quitter et revenir à un pays d'origine, se sentir à chaque endroit étranger et se battre avec une ubiquité impossible. Cette expérience est le premier terme d'une recherche, dont le développement se ramifie dans d'autres parcours et d'autres temps. L'exil est un rapport , d'une immobilité - forcée ou choisie - à la possibilité du mouvement, l'axe central de ce rapport est bouleversé. Le déplacement devient sa fragile mise en acte, la clandestinité un de ses paradigmes. Cet exil est une certaine manière d'occuper l'espace, une certaine manière de mentir comme de chercher une vérité.

La forme présentée est celle d'un film qui se construit dans le temps d'une performance. Le dispositif est composé par 4 projecteurs 16mm et un système de diffusion sonore. Il ne s'agit pas de poser un discours mais de mettre en évidence la construction d'un récit autant que ses doutes, la difficulté à lui trouver une structure voire même la possibilité de son échec. Son objet est aussi ce qui manque, un trou, une perte. Ce travail, tel que nous l'envisageons, continuera à se développer, dans un prochain aller-retour entre la France, l'Uruguay et l'Argentine.




opera mundi
Un film fait-main de Nicolas Rey, 1999
Une heure - Noir et blanc - Triple 16 mm



Ni thème, ni système. Capter des moments de réel, selon ses désirs, sans préjuger de la cohérence de l'ensemble. Se promener. Faire confiance aux images — et aux sons.

Lentement, en confrontant les premiers éléments, mettre à jour ce que ces désirs supposaient. Écarter certains plans, qui ne se rapportaient pas à l'ensemble. En aimer d'autres pour ce qu'ils ont de métaphysique. En tourner de nouveaux, pour compléter l'agencement, en essayant pourtant de ne pas le réduire à un « sujet ». Reconsidérer ceux qu'on avait d'abord laissé de côté. Continuer.

Le monde réellement renversé se trouve au fond de nos yeux.
Chacun de nous est un corps social.




Diffraction, poisson d'argent
Performance de La Destination (Anne Fave & Emmanuel Carquille)




Quand le mouvement de l'image se modifie sous l'impulsion d'un dispositif tournant, que cette image joue des effets de reflets, reprise et modifiée en direct et re-présentée, qu'elle génère son propre son par ses vitesses et ses couleurs, ses battements internes, que celui-ci se couple à ceux du dispositif premier, que les couches successives d'images l'amortissent... Nous sommes dans le relais et la diffraction, d'une source boucle répétée et rejouée, lentement transformée, en des strates comme perceptives... avec le flottement de la mémoire, le « présenté » dilué, récurrent et glissant, en une dérive sensorielle, une perception, dans le retour et l'écho.




Maria of Pudong
Performance de Drazen Zanchi




Un film construit autour du concept : « caméra-vélo comme machine à prière ». Il a été entièrement tourné à Shanghai, et en particulier à Pudong, la partie de la ville sur la rive droite. Chaque plan de 24 secondes est comme un souffle, ou une vague, et on est fortement tenté de faire un rapprochement avec le chapelet et le rite catholique qu'il symbolise : une suite des souffles (des perles), tous différents (tous égaux), avec un but non trivial, accessible seulement à ceux qui arrivent à tenir la route, à suivre le protocole, mathématiquement précis. Un plan en soi ne signifie rien, mais l'ensemble, par un lien déterminé a priori de manière mathématique, fait surgir le contenu à travers l'effet de coopérativité, ou, simplement dit, à travers le rythme.




Lignes|Couleurs|Temps
Performance de Nominoë (Nicolas Berthelot, Alexis Constantin, Stéphane Courcy di Rosa & Emmanuel Lefrant)




Lignes|Couleurs|Temps est un film-performance réalisé en direct durant la projection, avec accompagnement sonore. L'évolution progressive des images et des sons traités en direct lors de cette performance s'attache à explorer les qualités plastiques et temporelles de la projection de films.





Anis GRAS, le lieu de l'Autre
55, avenue Laplace à Arcueil
RER B Laplace à 15 min. de Châtelet-les-Halles

Entrée : 8 euros par journée
Restauration sur place le samedi soir.

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