Première
séance : mardi 17 octobre à 20h30
Presentée par Enrico Mandirola
Glissement.
Le film court sur en écran décomposé
sans se soucier du cadre dans lequel il est inscrit.
On coupe sa structure, on re-pense ses limites et ses bords cadres,
mais en même temps on le laisse vivre sa
simplicité.
Le mouvement – cinéma – devient le point
central.
Image fixe ? Plan Fixe ? Photogramme ? Qu’est-ce
qu’on veut fixer dans la trace qu’on laisse ?
Les interférences sonores et visuelles se perdent et se
recroisent tout au long du parcours.
Noir et blanc, couleurs. Noir et blanc coloré.
Le noir comme pause, le blanc comme couleurs.
Ce sont les images même qui se colorent de formes et elles
nous plongent dans le sacré. On est en-dedans, le film se
transforme en cathédrale.
On y retrouve l’ADN. On est toujours dans la trame de
l’origine.
On parle de la mort, de la mémoire, du rêve, on se
ballade entre la présentation et la
représentation du réel. On boucle le cercle mais
on est (plutôt) dans une spirale, et c’est dans le
point de la rencontre que l’interférence se
manifeste pour re-ouvrir encore une fois le chemin.
enrico mandirola
Films
360°
d'Anne-Marie Cornu, 1997, 16 mm & S8, durée sans fin
Monica
d'Enrico Mandirola, 2005, 16 mm, 13'
Reste-là
de Frédéric Tachou, 2005, 35 mm, 10'
Tischk
de Mahine Rouhi & Olivier Fouchard, 2004, 16 mm, 38'
360° d 'Anne-Marie Cornu, 1997, 16mm
& S8, 10
|
L’anniversaire : 17 octobre 2006,
première séance d’une série
de neuf organisées pour marquer les dix ans
d’existence de L’Abominable.
Au regard de l’évolution des techniques de
captation et de circulation des images et des sons et des
économies qui en découlent, les enjeux de ce
laboratoire se sont déplacés à mes
yeux. Il est un conservatoire de techniques
délaissées par l’industrie
cinématographique, ingénieusement remis en
état, jour après jour.
Son intérêt réside dans son ouverture
au projet artistique de
quiconque veut s’approprier cet outil.
Cette ouverture nécessite une capacité
à inventer des liens et provoquer des circulations entre les
technologies de l’ère mécanique et
celles à venir. L’outil doit être en
constant éveil, à l’écoute
des propositions artistiques.
Je ne suis pas spécialement attachée à
la matérialité du film. J’essaye de
comprendre comment l’organisation d’un travail
peut-être liée aux
propriétés d’un médium
donné.
Notre rapport au temps à travers un lieu particulier
m’intéresse
Mon travail peut se situer au départ dans ce que Raoul Ruiz
nomme « fragment absent, point hypnotique ou ennui sublime
». Au lieu de s’intéresser à
l’art de juxtaposer les fragments ou l’art de
mettre en valeur les événements à
l’intérieur de l’image, la question
posée serait plutôt : que se passe-t-il entre deux
fragments ?
Je commence à travailler à un moment
où le cinéma est passé de la
représentation à la présentation. Il
n’est plus illusion sur une surface plane mais
visualité du cinéma lui-même.
L’extension qu’il a proposée est
allée jusqu’à détruire la
chaîne conventionnelle de fabrication en court-circuitant la
formation même de l’image. Ces
expériences conceptuelles sur le temps et l’espace
ont projeté le cinématographique dans
l’expérience de la réalité.
J’observe l’expérience de ce
cinéma, celle de gestes à inscrire dans un espace
public ou quotidien.
360° est le
début d’une série
d’interventions en milieu urbain. Il a
été tourné à partir
d’un geste continu réalisé en
extérieur. Le dispositif de projection se compose
d’une première image de deux mètres de
base, à l’intérieur de laquelle vient
s’inscrire un autre cadre plus petit. La même image
y est projetée. Un décalage s’installe
dès le départ entre les deux films. Les
projecteurs tournent en continu (l’un en super8
(l’original), le second en 16 (la copie)). Les images se
rejoignent et se décalent à l’infini.
le spectateur n’a pas de place définie.
Ce soir le faisceau du projecteur est retourné sur
l’écran de cinéma. Celui de cette salle
mesure huit mètres de base, l’écran
vidéo cinq mètres de base. Une copie
vidéo vous est proposée, elle dure dix minutes.
Anne-Marie Cornu
|
Monica d 'Enrico Mandirola,
2005,16mm, 13
|
C'est une matière enroulée en spirale qui perce le temps.
L'outil dans les mains, les mains, la sensation de travailler une
présence qui n'est que l'image du défilement du temps. Le
touché et le rythme, qui s'adaptent au corps, aux désirs,
aux projections des fantômes. « Le corps est un ballon
qu'un enfant souffle à plein poumon »
On ne change rien, on modèle une matière suivant une
trace, on accomplit le processus commencé bien auparavant.
On découvre parfois. Dans le détail, on retrouve les
raisons d'un choix, d'un cadre, d'un certain regard. On suit la piste
des signes ? De la trace ? On cherche sans arrêt, mais on laisse
aussi la place aux choses de se faire, être ce qu'elles sont.
On travaille la deuxième génération parce qu'on a
créé la première, et la troisième, la
quatrième. C'est laquelle la première ? On travaille des
étapes, une circularité en spirale.
On intervient physiquement, mécaniquement,
répétitive ment, on reproduit l'acte, l'oeuvre, le
mouvement, mais incroyablement à chaque fois c'est tout nouveau.
Donc on ne reproduit rien, mais on observe, on vit, on partage quelques
photogrammes avec l'Outil.
enrico mandirola
|
Reste-là de
Frédéric Tachou, 2005, 35mm, 10
Une nuit, j’ai
rêvé de mon père. Je voyais une maison
familière dont l’unité architecturale et spatiale
était disloquée au profit d’un assemblage
discontinu de pièces, d’ouvertures et de volumes. Le film
montre ces espaces du dedans, traversés par la figure du
père qui agit comme un coup de tonnerre.
« Le résultat obtenu n innovera en rien en
matière d image ou de technique. La complication volontaire
du processus d élaboration des images induite par le choix
de la multi-exposition du 16 mm, le développement artisanal
des films N&B, l emploi de la truca, et le tirage d un positif,
correspond à la volonté obsessionnelle de
remonter le long du chemin psychologique qui a fait
apparaître ces images dans mon cerveau. Plutôt que
la recherche d une imagerie illustrative, il s agit de créer
les conditions d un corps à corps physique avec le
cinématographique dont le film doit être le
témoignage. »
F. Tachou
|
Tischk
de Mahine Rouhi
& Olivier Fouchard, 2004, 16 mm, 38'
De Mahine Rouhi et Olivier Fouchard qui parfois travaillent ensemble, nous avions montré Didam en 2002 et puis Tahousse en copie de travail en 2004.
Tischk,
qu’ils viennent de réaliser relève d’une
même approche. Le spectateur s’aventure dans leurs films
comme on marche à pied à travers la montagne.
Entre l’inquiétude de la vallée et le réconfort des cimes.
Pour le travail, on dirait celui d’un peintre qui avance par
empâtement, réserve, effacement et laisse parfois deviner
la texture de la toile. Fait de la toile même et de la peinture
son unique motif. Comme ils sont cinéastes, c’est la
pellicule, et la lumière qui la transperce qui sont leurs
matériaux. A la fin, il ne reste plus que cette lumière,
qui monte en nous jusqu’à nous éblouir.
Les Inattendus
|
Ciné 104
104, av. Jean Lolive à Pantin
Métro Eglise de Pantin
Entrée 5 euros.
Venir à trois séances donne le droit à
une entrée gratuite pour une séance suivante.
Pour
être informé du détail des
séances.
|
|